La situation initiale


À l’époque représentant de commerce dans les matériaux de construction, Michel Visse saisit l’opportunité en 1986 d’ouvrir un atelier franchisé dans le secteur des portes de placards. Le produit étant principalement coulissant, le franglais de l’époque baptisera l’entreprise : Couli-Door. Mais le franchiseur devient défaillant ; Michel prend son indépendance au début de l’année 1990, il rachète son pas de porte, et démarre ce qui sera pour son fils l’œuvre d’une vie entière. Ils n’étaient que cinq lorsqu’Arnaud entra dans l’entreprise normande pour donner un coup de main. Son diplôme de commerce n’était pas encore décroché et ses doigts ne savaient même pas en-core coller un autocollant droit. Passionné d’aéromodélisme, le jeune homme surmonte sa mala-dresse chronique pour s’intéresser à la technique. Détail des charnières, types de roulettes et roulements à billes sont toujours à l’origine de ses yeux qui brillent. Dès 1990, il laisse donc der-rière lui une première expérience dans les télécopieurs pour se dédier à un programme des plus copieux : faire grandir Coulidoor, aux côtés de son paternel, puis de son frère qui rejoint l’équipage trois ans plus tard pour développer la région Grand Sud-Est.

L’élément perturbateur


Seize ans d’efforts ont déjà réussi à Coulidoor, et en 2006, plus de cent collaborateurs ont déjà rejoint l’un des leaders dans le domaine. Et comme, pour le fondateur, le sujet de la retraite se pose, il sait que c’est sur la transmission que son entreprise repose. Dans le même temps, les Meubles CELIO, participation d’Orfite exerçant dans l’ameublement de chambre, fait remonter à ses investisseurs la demande de son réseau de clients – une solution de rangements sur mesures, qui devait aboutir à plus d’une synergie. À la recherche du meilleur partenaire, Orfite fait la connaissance de Michel, une rencontre qui tombe à point nommé puisqu’elle s’accompagne tout de go de la suggestion du LBO. Ce montage permet de concilier non seulement les intérêts de ses fils, Arnaud et Pierre, mais aussi ceux de Pro Steel, filiale nommée selon le même angle franglais puisqu’elle réalise pour Coulidoor ses profils en acier. À cette époque, son directeur Rémy est déjà comme un frère pour Arnaud mais lui n’est pas encore assis à la table des discussions. Il observe de loin, et remarque surtout le soin apporté par ces investisseurs : si Coulidoor ne doit plus être une entreprise familiale pour un temps, l’esprit sera préservé avec Orfite, naturellement. Conclu sur sept ans, et après un début d’accompagnement de deux ans de Michel, ce premier accord institue Arnaud dans ses fonctions de direction. En plus des premiers projets de développement, de la réorganisation de l’offre marketing et des recrutements, en plus des casquettes commerciales et industrielles qui couvrent le chef d’entreprise, la situation de la filiation est difficile pour Coulidoor. Un revirement d’intentions jette un voile d’incertitude et son lot de nuits sans sommeil ; Orfite étant actionnaire de référence, chacun attend sa position avec impatience.

Les péripéties


Puisqu’il n’est pas entendable de mettre en péril la pérennité de l’entreprise et que la parole donnée n’a jamais été reprise, Orfite reste droit dans son principe : c’est en priorité à la famille qu’il faut passer les rênes. Pour dissiper le brouillard, nul besoin de grands courriers qui avalisent et certifient – une simple phrase suffit : « Nous avons acheté Coulidoor à Michel Visse pour Arnaud Visse. Notre mission et nos intentions vis-à-vis de vous ne pourraient être plus claires. » Cette confiance installée, qui se changera progressivement en amitiés, permettra à Arnaud de bâtir tout en se sentant légitime. De réunions en reportings sans formalismes, le dirigeant puise dans ces connaissances plurisectorielles qui caractérisent toute la variété des participations Orfite, et challenge une érudition qui va de ses problématiques à des sujets plus exotiques. Les relations avec les Meubles CELIO initiées dès 2008 se poursuivent avec beaucoup de codéveloppement et une dose de sentiments : entre les deux dirigeants, la transparence est telle qu’Hugo, le fils d’Arnaud intègre les Meubles CELIO pour démarrer sa carrière, avant de peut-être rejoindre l’entreprise familiale dans ce qui pourrait être une transmission vers la troisième génération ! Aussi, quand s’esquisse un prochain LBO, et que celui qui tient la plume est désormais Arnaud, c’est d’évidence qu’il appose sa signature.

Le dénouement


Pour accompagner l’entrepreneur et l’encourager à suivre son flair, il fallait bien une certaine dose d’audace. Disons qu’Arnaud a cette culture rugbystique qui n’hésite pas à rentrer dans la mêlée, un côté talonneur qui saurait aussi jouer long ; certains de ses talents font corps avec l’équipe depuis trois décennies. Outre la croissance organique, il y eut cette ligne de production automatique installée en 2010 sur le site de Saint Rambert d’Albon construit un an plus tôt, qui mit le sourire aux lèvres de ceux qui étaient là quand Arnaud lançait ses compétitions de montage de portes. À l’époque, chacun voulait en faire plus que tout le monde. Avec ces nouvelles machines, une porte se fabrique toutes les vingt-deux secondes. En 2015 ce fut le sauvetage de la liquidation de France Rangement, et pour lequel le dirigeant put s’appuyer sur une expertise que ne possède pas le tout-venant. En marge des opérations au barreau du tribunal, il y eut aussi la prise de participation de Coulidoor dans une start-up qui ne parvint hélas pas à effectuer son passage à l’échelle, une occasion qu’il aurait été dommage de manquer. Deux ans avant la fin contractuelle de l’engagement, la performance industrielle était encore au cœur des préoccupations comme des investissements.

La situation finale


Seize ans d’association auront bouclé la boucle pour Coulidoor, car en 2022, une dernière opération permet de tenir tous les engagements, et à Orfite de préparer son départ. Si le chemin se poursuit désormais, Arnaud se remémore avec plaisir cette exaltation partagée autour de la stratégie Coulidoor, cette complicité nouée autour de bouteilles aux noms mémorables, et cette chance d’avoir vécu une aventure absolument spéciale. D’ici à ce que sa propre transmission au comité de direction s’opère, le dirigeant constate la montée de son comparse de Pro Steel avec une satisfaction toute fraternelle. Quelles que soient les décisions que réserve le futur, Arnaud peut s’y engager d’un pas sûr, certain que ces belles années lui ont permis d’ériger une solide structure.

D’un petit atelier qui ne comptait au départ que cinq collaborateurs, Coulidoor est devenue une ETI de trois-cent-cinquante talents implantée sur l’ensemble de l’Hexagone.

– Une histoire rendue possible par Orfite.